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Corrèze Un train de paille, une "goutte d'eau" au regard de la sécheresse

BUGEAT (Corrèze), 21 août (AFP) - Les agriculteurs de Corrèze ont reçu jeudi un premier train de paille en provenance de Normandie, une "bouffée d'oxygène" pour faire face à la sécheresse mais une "goutte d'eau" au regard des milliers de tonnes nécessaires pour passer l'hiver.

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Dans la matinée, ce sont quelque 150 tonnes de paille qui sont arrivées en gare de Bugeat-Viam, dans le nord de la Corrèze, sur les 400 prévues en trois convois.

Thierry Moeuf, exploitant à Sornac depuis 14 ans, termine le chargement de ses remorques. "C'est la première livraison pour moi. Cette paille est un peu une bouffée d'oxygène car il est très difficile d'en trouver", dit-il.

Il s'agit d'"une goutte d'eau" comparée au 35.000 tonnes de fourrage nécessaires aux éleveurs, poursuit le président de la FDSEA-Corrèze, Tony Cornelissen. Mais qui "dépanne bien", ajoute-t-il.

Car la sécheresse commence à avoir des effets sérieux sur les animaux. "On a une surmortalité élevée chez les veaux, la production laitière et l'engraissement des animaux baissent", continue le syndicaliste.

"Cette année a été très difficile", confirme Thierry Moeuf, avant de préciser qu'il a déjà vendu un lot de veaux pour pouvoir acheter du fourrage car "les aides ne vont pas arriver avant un mois ou deux". "On ne sait pas si on va passer l'hiver. Ici, ils sont longs", lâche-t-il, quelque peu abattu.

A cause de cette sécheresse, les stocks de fourrage, qui sont normalement utilisés en période hivernale, ont été réduits de 30% dans le département et servent d'ores et déjà à alimenter les bêtes.

"Si on commence à attaquer les stocks maintenant, ils seront finis le 1er mars au lieu du 1er mai", précise Daniel Coudert, le délégué départemental des Jeunes Agriculteurs.

Des jeunes agriculteurs pour qui les difficultés sont encore plus difficiles à surmonter.

"J'ai démarré le 1er janvier. Pour moi, c'est dur. Il ne reste presque plus d'herbe dans mes champs", explique Philippe Barcelo, 35 ans, espérant que cette paille va lui "sauver la mise".

Le jeune exploitant a lourdement investi pour s'établir et n'a "aucune rentrée d'argent depuis janvier". "Il faut être motivé", soupire-t-il, avant de remonter sur son tracteur pour poursuivre le chargement.

La FDSEA-Corrèze a pour l'heure commandé 17.000 tonnes de paille qui devraient approvisionner 600 agriculteurs corréziens. Mais le syndicat a dû, pour une partie, se tourner vers l'Espagne en raison du coût moindre des transports.

"Le prix des transports en France est exorbitant, s'emporte le président de la FDSEA. Qu'il n'y ait aucun transporteur qui veuille acheminer la paille pour moins de 5O centimes de franc le kilo, c'est honteux" Le transport de la paille normande par fret, avec la SNCF, a coûté 30.500 euros, selon Tony Cornelissen. "C'est trois fois plus cher qu'un transport par la route", peste-t-il.


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